lundi 13 août 2012

Le discours sur la monarchie républicaine du Congo

Depuis son indépendance politique en août 1960, le Congo a connu une succession des événements plus ou moins violents qui se rattachent aux causes de la violence armée de février 1959. Malheureusement, aucun travail de réflexion n’a été mené pour éradiquer le mal à la source. Certains demandent à la jeunesse d’importer le « printemps arabe », d’autres diabolisent les acteurs politiques de tout bord. Mais au-delà, que faisons-nous pour chercher à sortir le Congo du chaos où il se trouve ? Avant de reprendre à cette question, il convient de dresser un tableau du Congo. Cet État, dirigé dès 1958 par l’abbé Fulbert Youlou en tant que premier ministre, puis chef d’État en 1960, est confronté à une instabilité politique née des différends ethniques et d’une absence de culture politique bantoue au sein de la classe politique, composée par des « parvenus » et des « parachutés ». Toute l’administration reflète cette réalité car, elle n’encourage pas le mérite et se contente de promouvoir le clientélisme et l’atavisme tribal. Cette attitude est un frein à l’avènement d’un État républicain et social que ne cesse de réclamer l’opinion publique. Les politiques et les intellectuels politisés ne se penchent pas sur cette réalité afin de proposer une solution politique digne de ce nom. Or, nous constatons une succession des slogans à connotation religieuse et des orientations qui n’ont rien de politique en 52 ans d’indépendance. Le Congo n’a pas encore atteint l’âge d’un État et son organisation politique est éreintée d’un romantisme religieux et improductif à cause de son égarement géographique et idéologique : il ne se trouve pas sur son terrain de prédilection puisque la politique n’a rien de religieux, elle est un front continuel où les amis et les ennemis sont identifiés et recomposés sans fin à l’opposé du religieux qui ne connait pas d’ennemi. Il n’y a pas de politique sans ennemi, ni ami puisque cette distinction est un critère d’identification de ce qui est politique. La répartition des groupes amis/ennemis ne se fait pas par des connivences, mais par l’amour du Congo. Vous allez me dire qu’est-ce cet amour ? C’est dans la perspective de la détermination de l’amour pour le Congo de chacun que les alliances devraient se former. En effet, comment peut-on aimer le Congo si nous nous comportions comme s’il nous appartenait ? Nous adhérons à des partis et des groupuscules pour des intérêts matériellement quantifiables et préalablement identifiés, nous les utilisons pour servir notre soif d’autorité et les maintenons par la distribution de la richesse aux seuls membres de ces groupuscules. Cette situation n’est autre qu’une forme de monarchie à laquelle j’attribue le qualificatif « républicain ». Le contraste reste pour toute association de la monarchie à la république : deux mots antinomiques. La monarchie républicaine se manifeste au Congo par le mécanisme de recrutement des élus à la gestion de la communauté et des affaires pseudo-publiques. Seuls les membres des groupuscules du maître de la communauté sont éligibles. Il s’avère que cette situation sous différentes formes a commencé en 1963 : l’année des révolutionnaires « adémocratiques ». Une année sanglante et meurtrière devenue « glorieuse » par la déification des seuls trois martyrs reconnus. Cette année charnière va ouvrir la porte à des coups d’État, lorsqu’il ne s’agit pas des tentatives, des assassinats politiques, la militarisation des institutions dirigeantes, l’institution du culte de la personnalité ou du marxisme scientifique quand nous ne parlerons plus de celui dit « bantou » sous Alphonse Massamba-Débat, l’avènement du parti unique, de la pensée unique et de la culture de sainteté élevant le camarade Marien Ngouabi au dessus de Delphes pour éclairer les voies des gouvernants congolais, l’avènement des familles régnantes avec les autorités actuelles où leurs fils, filles, cousins, oncles et neveux sont devenus des dieux parmi les mortels... Quoique les Congolais aient eu droit pour un laps de temps à l’espoir de l’avènement d’un État républicain et social entre 1992 et 1997, les groupuscules optent pour un enrichissement de leurs membres et le chef se soucie à les fédérer sans se préoccuper du Congo. Les dernières élections législatives de juillet 2012 viennent de nous prouver qu’il faut prendre une carte d’adhésion à ces groupes ou intégrer par le mariage la famille des membres de ceux-ci pour être un élu de la nation, propriété privée et familiale du parti congolais de travail et associations affiliées. L’autorité est devenue une expression d’exhibition des biens mal acquis et d’intimidation. Dans cet obscurantisme, les régnants mènent une politique de la vitre comme pour dire qu’ils aiment le Congo. Que font-ils pour l’emploi ? Que proposent-ils pour la prise en charge par le Congo des personnes malades et incapables de se soigner, sauf pour aller au « kizinga », le salaire du fonctionnaire ne couvre plus les charges mensuelles sauf si vous détourniez des deniers et vous vous compromettiez par la corruption, le prête ne connaît plus sa vocation et utilise son office pour la dépravation des mœurs, la politesse est devenue un luxe, les incivilités la règle, le législateur ignore ses missions et les ministres ce pourquoi ils sont en charge des affaires de la communauté, l’appropriation des biens d’autrui est une vertu et la célébrité de ceux qui ne sont pas fédérés au groupe du chef est répréhensible, les magistrats travaillent pour ces groupuscules et les décisions ne sont jamais rendues au nom du peuple congolais, la justice est une arme de dissuasion entre les mains des régnants, etc. ? Nous comprenons qu’il est impossible que le Congo fasse quelque chose pour ses enfants puisqu’en réalité, le Congo leur appartient et il n’a des enfants que les leurs. Ils ignorent d’où ils viennent. Voir tout cela dans un pays que j’aime, cela est dégoûtant et révoltant. Mais pour éviter tout angélisme ou romantisme, je ne peux rester apolitique et sans « partie prise ». Je m’exprime pour dénoncer le comportement irresponsable et ignoble observé dans l’action politique congolaise et invite les différents acteurs au retour à la source de nos valeurs et de nous interroger si nous continuons dans la voie décidée par les représentants du peuple lors de la conférence nationale souveraine de 1991. Je ne pourrais être amis de ceux qui, par leur comportement se comportent comme les ennemis du Congo et donc, des peuples du Congo. Que chacun prenne sa responsabilité s’il aime le Congo et milite à sa renaissance pendant qu’il est temps. Après, ce sera trop tard. Il faut que la recherche du bonheur du Congolais soit le moteur de toute action publique et que cela soit encadré et déterminé pour garantir l’équité des concurrents candidats à la charge de cette recherche. Militons pour la construction d’un Congo fondé sur des institutions fortes et non sur des personnes fortes. Ces dernières sont faillibles et faire reposer le fonctionnement de nos institutions sur elles revient à accepter d’avance le chaos.